Shades of Magic, Tome 1, V.E. Schwab

Gris pour la ville sans magie.
Rouge pour l’empire prospère.
Blanc pour le monde affamé.

QUEL LIVRE ?

Kell est le dernier des magiciens de sang, des sorciers capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est, à chaque fois, le cœur et l’âme. Le nôtre est gris, sans magie d’aucune sorte. Celui de Kell, rouge – on y respire le merveilleux à chaque bouffée d’air. Le troisième est blanc : là, les sortilèges se font si rares qu’on s’y tranche la gorge pour une simple incantation. Le dernier est noir, noir comme la mort qui l’a envahi quand la magie a dévoré tout ce qui s’y trouvait, obligeant les trois autres à couper tout lien avec lui.

Depuis cette contagion, il est interdit de transporter le moindre objet entre les univers. C’est malgré tout ce que Kell va prendre le risque de faire, histoire de défier la famille royale qui l’a pourtant adopté comme son fils, à commencer par le prince Rhy, son frère, pour qui il donnerait par ailleurs sa vie sans hésiter. Mais, à force de jouer avec le feu, il finit par commettre l’irréparable : il emporte jusque dans le Londres gris une pierre noire comme la nuit, qu’une jeune fille du nom de Lila décide, sur un coup de tête, de lui subtiliser. Pour elle comme pour lui – pour leurs deux mondes, à vrai dire – le compte à rebours est lancé.

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CE QUE J’EN AI PENSÉ :

Intrigant.
J’aime ce manteau magique réversible, vous aussi, vous aimeriez en avoir un comme ça, non ? Sinon, plus sérieusement, je dois dire que j’ai beaucoup aimé l’écriture. Je n’y trouve rien à redire, c’est fluide, net, bien écrit quoi. En revanche, même si l’univers est intrigant et bien construit je n’ai pas su apprécier ce livre, à mon grand désarroi. Oui, parce que les différents Londres, la magie, les rencontres et les combats, c’était intéressant, mais je n’ai pas eu cette petite étincelle magique qui fait qu’on est emporté par un livre.
Pourtant celui-ci était bien rythmé entre les chapitres (les débuts de chapitres sont d’ailleurs magnifiques) mais je n’ai pas eu cette palpitation qui fait que je vis les aventures du héros avec lui et que je m’accompagne.

Du côté de l’histoire, il y a donc plusieurs Londres dans plusieurs univers. Kell est un Antari, un magicien de sang si on veut. Il peut (et doit) voyager entre les Londres. Kell est raisonné et sérieux. Je ne le déteste pas, mais je ne suis pas une groupie. Prince, si on veut, du Londres rouge.
Pour moi, il ne se passe rien avant les 150 premières pages. Avant, c’est plutôt la mise en place de l’histoire et la découverte des héros. Puis, tout part d’une supercherie. Kell a en sa possession une pierre noire issue du Londres noir. Londres qui n’est plus censé exister, je le rappelle. C’est à ce moment-là que nos deux héros se rencontrent finalement. Le second personnage phare est donc Lila. Lila que je n’aime pas. Trop têtue, désinvolte. Voleuse patentée, elle est au moins douée pour ça. Elle vient du Londres gris, a besoin d’aventures, de changements, de liberté absolue.

Il y a aussi d’autres personnages secondaires marquants. J’aime Barron, cette figure paternelle et agréable qui essaye de prendre soin de Lila, de veiller sur elle. Idem, l’autre figure aimante Rhy, le frère de Kell. Ils feraient tout l’un pour l’autre. Rhy, je n’ai pas grand chose à dire sur lui, il est frivole mais on n’en sait pas beaucoup plus. J’imagine qu’il sera plus présent dans le second tome. Enfin, Holland. Il est intéressant, intriguant, il y a un vrai mystère autour du personnage, mais des indices sur son passé sont disséminés tout au long du livre. Il vient du Londres blanc, c’est un personnage en souffrance ; lui aussi est Antari.

Du coup, revenons à cette fameuse pierre noire. Si elle n’existait pas, il n’y aurait vraiment aucun problème. Mais elle est là et passe brusquement dans les différents mondes. Bien que maléfique, c’est une puissant artefact magique qu’on s’arrache. Et bien sûr, elle finit par tomber dans de mauvaises mains. Cette pierre fait courir nos héros. Ils doivent à tout prix s’en débarrasser dans son Londres d’origine pour que l’équilibre prospère. Sauf que des vies, je ne vous dis pas lesquelles, sont mises en danger.

L’écriture comme je l’ai dit est très bien, pareil pour l’univers mis en place, mais vous l’aurez sûrement deviné, j’ai bien eu du mal à avancer cette lecture. Je continuerai néanmoins avec le second tome, mais cette lecture ne sera pas dans mes priorités.

POUR VOUS ALLÉCHER :

Malgré son immense fatigue, elle se livra au même rituel que tous les autres soirs: traversant le pont, elle se rendit à la proue pour empoigner le gouvernail. Le bois glacé contre ses paumes, le léger roulis sous ses pieds… pas de doute, tout était parfait. Au plus profond de son être, Lila Bard savait qu’elle était née pour être pirate. Il ne lui manquait  pour ce faire qu’un bateau en bon état.  Ensuite… Le vent souleva sa cape et, l’espace d’un instant, elle s’imagina, loin du port de Londres et de toute terre ferme, sillonner à bonne allure les mers du globe. Les yeux fermés, elle tenta de se représenter la brise marine s’engouffrant dans ses manches élimés. Le choc des vagues de l’océan contre les flancs du navires. Le frisson de la liberté – la vraie cette fois -, et de l’aventure. Le menton levé bien haut (elle sentait presque le sel des embruns lui chatouiller le visage), elle prit une profonde inspiration et huma l’air marin, un grand sourire aux lèvres. Quand elle rouvrit les yeux, elle s’étonne de retrouver le Roi des mers, toujours amarré aux docks, à l’agonie.

*****

Il possédait un livre sur la langue Antari, offert par son précepteur, Tieren. Un carnet en cuir rempli d’incantations de sang, où était précisée leur prononciation.S’y trouvaient aussi expliqués leurs effets, qu’elles convoquent la lumière ou les ténèbres, favorisent la croissance des plantes ou brisent tel ou tel enchantement. Sur la couverture se trouvait un symbole.
– Que signifie-t-il? avait-il demandé à son professeur ce jour-là.
– C’est un mot qui appartient à la fois à tous les mondes et à aucun d’entre eux. Il signifie « magie » et désigne à la fois son existence et sa création. Si la magie portait un nom, se serait celui-là, avait ajouté Tieren en suivant du doigt les lignes du symbole. Vitari.

*****

Elle s’aventura dans des rues étroites et tortueuses, semblables à celles de son propre Londres et pourtant totalement différentes. À la place de la pierre brute et du verre noirci par la suie, les boutiques arboraient des devantures où se mêlaient bois sombre et dalles polies, vitraux et métal brillant. Elles paraissaient à la fois solides et étrangement fragiles, traversées, comme tout ce qui l’entourait, par … une énergie – elle ne trouvait pas d’autre mot. La différence était tout simplement saisissante. Émerveillée par ce monde dont le squelette était similaire au sien mais dont le reste du corps, à se pâmer, étalais languissamment ses trésors devant elle, elle se dirigea vers la source du bruit.

APPRÉCIATION : 2,75/5

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